Terre des Affranchis

affranchisTerre des Affranchis de Liliana Lazar

Je viens de sortir de l’envoutement de ce livre percutant. Pour un premier roman, je n’en reviens pas du talent de cette auteure roumaine qui écrit en français. Nous sommes englués dans une atmosphère inquiétante, envoûtante, au coeur d’une Roumanie en plein bouleversement politique. Liliana Lazar sonde les bas-fonds sombres et sinistres de son village natal, entouré par une très dense forêt où se mêlent la nature sauvage, les esprits et surtout La Fosse aux Lions. Une vieille légende rode à son sujet où se cotoie des disparitions inexpliquées et surtout les Moroï, les morts-vivants. Rassurez vous, il ne s’agit pas d’un texte fantastique avec des monstres sortis d’un lac maléfique, mais plutôt d’une fable ésotérique et macabre.

Sous des apparences de colosse gentil et naïf, celui que le village surnomme « Boeuf muet », commet malgré lui des crimes passionnnels difficiles à dissimuler. Son envie d’étreindre plus que tout se transforme rapidement en pulsion meurtrière. Pour se racheter une conduite et faire acte de pénitence, il devient copiste d’ouvrages religieux interdits sous la dictature de Ceausescu. Reclu pendant plus de vingt ans dans la maison de sa mère, il vit caché du regard des villageois. Mais son besoin d’évasion se fait plus intense, et ces vadrouilles nocturnes tournent souvent très mal pour ceux qui le croisent. Pourtant, un esprit de rédemption plane sur cet homme.

Entre mystère, intrigue policière, éloge de la religion et ces corruptions politiques, ce premier roman, d’une envergure impressionnante, laisse sans voix. J’ai été totalement absorbé par cette ambiance mystique tant par les fameux phénomènes inexpliqués de la Fosse aux Lions que par les ascètes et les pècheurs qui peuplent ce roman. La mort est Reine dans ce livre: crime passionnel, accident de parcours, torture, mort cérébrale. Elle est dépeinte sous toute ces formes, de la plus fantastique à la plus cruelle. Pourtant chacun cherche le Salut, car la voix du Seigneur est omniprésente dans ce village roumain de Slobozia.

Flirtant judicieusement entre le polar et le conte, Liliana Lazar nous livre un roman très dense qui dépeint admirablement la condition de l’homme dans une société roumaine compliquée et où le pardon fait acte de foi.

Un très grand roman qui n’annonce que de bonnes choses!!!



Catégories :L. Roumaine, LECTURES

32 réponses

  1. Ce roman semble en effet bien intéressant, surtout traitant d’un pays que je connais très peu!

  2. J’avais déjà envie de le lire, tu confirmes tout à fait que ce livre est une des très bonnes surprises de la rentrée…

    • Oui, c’est vrai que parmi les Big Boss des rentrées littéraires, qui ne sont d’ailleurs pas si intéressants que ça, mais passons…., Liliana Lazar sort du lot de façon subtile et discrète. Une très très bonne surprise de la rentrée!

  3. eh bien quel enthousiasme !!! 🙂

  4. Ton billet est très tentant.

  5. Le début de ton billet me fait un peu penser à Des souris et des hommes de Steinbeck.
    Et la suite de ton billet me donne envie de lire ce roman !

    • Honte à moi, je n’ai pas lu Des Souris et des Hommes, je vais vite me rattraper. Sinon je suis contente de te donner envie de lire ce livre!!

  6. Très très tentant ce billet… 😉

  7. Je m’empresse de le noter!!! Ton billet est alléchant 😀

  8. Ce livre me tente beaucoup et ton billet ne fait que renforcer mon envie ..

  9. C’est étrange, ce roman aurait comme un relent de littérature sud-américaine, racontez comme ça… Le conte, la violence, l’âpreté des sentiments, la mort… Je n’aurais jamais imaginé avoir une tendance « roumanicienne »…

  10. Il me le faut maintenant, c’est malin ! J’ai déjà acheté « Et que le vaste monde… » à cause de toi…

    • Et bien désolé de t’avoir fais dépenser ton argent. Mais je suis convaincue de la qualité des ces livres alors j’espère bien que va les aimer aussi!

  11. C’est effectivement un bouquin qui vaut le détour… et que l’on a du mal à lâcher…

  12. je l’ai bien aimé. je l’avais offert à cathulu qui avait gagné mon jeu sur la LAL.

  13. Tu donnes vraiment envie de le lire, par contre je crois avoir vu qu’il était très court, une centaine de pages.

  14. Je suis complètement d’accord avec toi. Ce roman est magnifique.
    Je suis contente que tu sois passée me faire signe car cela me donne l’occasion de découvrir ton blog.

    Au plaisir de te relire

  15. J’ai eu un grand plaisir en lisant ce livre.
    J’ai adoré le « suspens » de l’histoire (le serial killer Victor va-t-il persévérer ou se repentir vraiment ?), l’ambigüité de certains personnages (surtout Ismaïl), la précision du vocabulaire, le style facile à lire tout en étant châtié et imagé (tel, comme…), les références historiques, politiques et religieuses, ainsi que la poésie du texte.
    Je partage donc l’avis de la presse spécialisée et la critique élogieuse qui a été faite à la parution de ce très bon roman.

    • Bienvenue! que dire à part: tout pareil! 🙂
      Énorme coup de coeur de cette année!
      Merci aux éditions Gaia une fois de plus!

  16. Je viens de le terminer, et j’aurais bien aimé ressentir le même enthousiasme que toi. Mais ce ne fut malheureusement pas le cas.

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