Le Secret de Jasper Jones

Le Secret de Jasper Jones de Craig Silvey chez Calmann-Lévy

Un roman doux et féroce à la fois pour cette rentrée littéraire.

Un roman étranger qui se démarque avec délicatesse et subtilité parmi la masse incroyable de romans français cette année.

Tout commence avec un secret entre deux enfants. Charlie Bucktin, treize ans, confortablement installée dans sa chambre, se voit soudain dérangé par le paria de la communauté: Jasper Jones. Celui-ci lui intime l’ordre de lui suivre de suite. Une chose étrange c’est produite et Jasper veut absolument la partager avec Charlie.

A partir de ce moment, tout bascule. Le secret est immense et va les entraîner dans un déluge d’évènements hasardeux et fous pour leur âge.

Le Secret de Jasper Jones est empreint d’Huckleberry Finn. C’est simple, on retrouve quasiment le personnage et l’ambiance. Mais à défaut d’être une copie conforme de l’original, ce roman tient parfaitement la route. D’ailleurs les allusions et références aux auteurs tels que Twain Harper Lee ou Capote sont très récurrentes. La construction du roman est lente, douce et calme. Craig Silvey prend le temps d’étoffer ses personnages, de mener une intrigue remplie de mystères et de non-dits. L’ambiance générale est froide et chaude en même temps, moite, étrange comme du coton. On se laisse happer par l’écriture douce et sobre pour vivre un moment délectable, vraiment.

Ce roman est l’histoire de la classe moyenne, d’une ville, Corrigan, où tout se sait et rien ne se passe. Mais où les secrets ne doivent bien souvent restés cachés. Les pires choses peuvent naitre des plus profonds silences. Alors quand cet évènement déboule dans la vie de Charlie et du jeune sans-mêlé, Jasper Jones, c’est une vie entière qui est bousculée. Ou plutôt deux, à coup sûr. Mais qu’en ai-t-il réellement de ces vies?  Les rebondissements sont intéressants et idéalement amenés même si très étirés dans la longueur. Mais ces longueurs m’ont paru presque justifiées pour mieux appréhender la suite.

Bref, on s’attache beaucoup à ces personnages entiers, à cette histoire triste, rude qui donne un prétexte idéal pour parler de la maturité et du chemin houleux qui y mène. Craig Silvey, jeune auteur australien, réussit à nous plonger dans son histoire sans que l’on s’en rende compte. Les pièces du puzzle se mettent en place doucement mais sûrement. L’Australie est parfaitement retrancrite par l’atmosphère chaude, lourde et humide qui y règne. Un voyage nimbé d’atmosphère et d’impressions.

Si vous avez aimé Le Petit Copain de Tartt ou bien Finnigan et moi de Hartnett, vous ne résisterez pas au Secret de Jasper Jones, récompensé par l’Australian Indie Award par les libraires indépendants.

Réellement une très belle découverte littéraire.



Catégories :COUPS DE COEUR, LECTURES, Rentrée littéraire 2010

14 réponses

  1. Ah j’ai hésité à le prendre … je le note de nouveau, du coup ! 😉

    • Plus, moins, plus… ce sont les différents avis sur ce livre ! Je le note car je ne regarde guère vers les romans français de la rentrée. 😉

      • Je suis comme toi d’ordinaire mais mon boulot fait que je dois me pencher un peu sur tout. Avec environ 200 titres étrangers contre 500 français, j’ai bien du mal à lire des textes qui me touchent vraiment. Celui-ci l’a fait et j’en suis ravie!

    • Mais oui, il ne faut le laisser filer celui-là. Il sort du lot!

  2. Ce roman mérite vraiment qu’on s’y attarde !! ;o) Je rejoins tout à fait ton avis, effectivement.

    • :). Il est tout à fait à part, même si je suis loin d’avoir tout lu de cette rentrée, mais il dégage bien des choses que je suis certaine de ne pas relire.

  3. Ahh, je me laisserai peut-être tenter … J’aime tellement Huckly 😉

  4. Tu n’en dis que du bien et je l’avais déjà repéré alors je n’ai plus qu’à me le procurer rapidement !

  5. La couverture et ton billet font que je suis très tentée. Mais par contre, Le petit copain de Donna Tartt m’avait horriblement ennuyée…

    • Le rythme de celui-ci est relativement lent mais toujours avec un mystère caché, du coup on poursuit la lecture sans s’en rendre compte parce que l’on est totalement captivé. J’espère que tu le liras et qu’il te plaira.

  6. Le récit ne se déroule pas en Australie? C’est un roman que j’ai beaucoup aimé, et qui mérite à être lu…

    • Si bien sûr rectification faite de ce pas. En écrivant trop vite après la lecture, on se perd trop vite! excellent roman!

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