Pétrole !

Pétrole ! d’Upton Sinclair

Pétrole ! ou comment lire un roman d’une ampleur exceptionnelle !

Pétrole ! ou comment vivre au jour le jour avec des personnages tous plus marquants les uns que les autres.

Pétrole ! ou comment passer difficilement à autre chose ou à un autre livre.

Pétrole ! ou comment rester marquer pendant très longtemps tout simplement.

Pétrole ! ou comment vivre un moment inoubliable ! (sans rire !)

Est ce que je m’arrête là ? Je pourrais remarquez ! Mais je vais tenter de développer un peu plus mon opinion. Sans en raconter plus qu’il n’en faut sur l’histoire mais tout simplement pour prouver mon très grand engouement pour ce roman.

Comme Géant, le livre d’Edna Ferber qui fut adapté au cinéma, le récit d’Upton Sinclair se veut le roman du pétrole, volontiers scélérat. On ne manquera pas d’être frappé par la toute-puissance de J. Arnold Ross, ce magnat de la génération fondatrice de l’industrie pétrolière américaine, et par la soumission parfaite de son fils Bunny. Pourtant, le jeune homme va s’affranchir de cette tutelle écrasante et finir par tracer son propre sillon.

Une fresque ambitieuse sur la naissance de l’Amérique industrielle. Un chef-d’oeuvre. Sept cents pages de bonheur absolu ! Ali Baddou, « Le Grand Journal ».

Le meilleur roman de l’année date de 1927 ! Benoît Delmas, « Blog Courrier international ».

Quand j’ai vu l’adaptation cinématographique du livre, There will be blood par Paul Thomas Anderson, j’ai été très surprise par cet univers de la ruée vers l’or noir.

Et puis, dernièrement je suis tombée par hasard sur le roman. Je me suis dit pourquoi pas !

Et bien, croyez moi si vous voulez mais c’est de loin le meilleur roman que j’ai lu depuis bien longtemps. Pétrole ! est sincèrement un roman dont on ne sort pas sans quelques traces. C’est accrocheur, captivant, fantastique, ambitieux, criant d’humanité, bref, je suis entièrement d’accord avec Ali Baddou pour dire que c’est un chef d’oeuvre.

Et pourtant, il est long. C’est un petit pavé de près de mille pages. Upton Sinclair le découpe parfaitement à tel point que l’on a l’impression de vivre avec les personnages.

Je ne vais pas vous raconter plus que ça l’histoire, la quatrième de couverture le fait suffisamment bien. En revanche, je vais faire mon possible pour que vous le lisiez à votre tour.

Upton Sinclair se veut le Zola américain. Je doit dire que j’adhère tout à fait à cette description. Il décrit avec une justesse et une froideur magnifique le monde ouvrier avec l’émergence des investisseurs, des syndicats, des petits patrons comme les gros succursales, le travail quoi. Son écriture est rigide, droite, sans concession, sans embellissement ni chichi. C’est une vision d’ensemble qu’il veut nous faire partager, à tel point qu’il nous parle de tous les personnages en même temps. Chaque chapitre est différent de l’autre. On saute aussi bien d’un puit de pétrole en plein essor à la vie mondaine dans toute sa splendeur. Dynamique voire ludique par moment, ce roman épate nos yeux attentifs.

Mais Pétrole ! est avant tout le roman du pétrole bien évidemment. Quelque soit la période, le lieu ou l’individu, le pétrole domine par son pouvoir d’attraction si intense. C’est le véritable héros de ce roman: puissant, cruel, sauveur ou criminel, il est partout, dans toutes les têtes et sur tous les corps. Mais il est surtout le prétexte à raconter la vie de ces hommes et femmes qui le côtoient jour après jour, à une époque où les révoltes en tout genre grondent de tous cotés.

On rencontre donc ce fameux et charismatique J. Arnold Ross, homme de toute puissance qui veut s’élever grâce au développement de ces derricks. L’enrichissement bien sûr mais aussi la notoriété et l’épanouissement de sa famille nourrissent ces jours. A tel point qu’il en devient dépendant. Le second personnage principal est son fils Bunny, véritablement soumis à la toute puissance et à la fougue grandissante de son père. Je n’en dis pas plus, la découverte de leur relation ambigué est trop passionnante. Autour d’eux vivotent tout un tas de personnages allant du plus insignifiant ouvrier, aux grosses firmes pétrolières avides de pouvoir ou aux femmes qui nourriront l’existence de Bunny.

Presque 1000 pages: une véritable saga sur la génération fondatrice de l’industrie pétrolière américaine; un roman d’apprentissage également puisque l’on voit l’essor d’un jeune homme en lutte perpétuel avec ces idéaux; enfin un roman de l’Amérique, c’est tout.

Pétrole ! d’Upton Sinclair est à mettre entre toutes les mains, à savourer, à lire doucement pour s’en imprégner parfaitement.

Traduit de l’américain par Henri Delgove et R.N Raimbault révisé par Marc Spirial / LGF Biblio roman / 992 pages / Janvier 2011 /978-2253129387



Catégories :COUPS DE COEUR, L. Américaine, LECTURES

13 réponses

  1. Comment deviner un bon livre avec un titre pareil !

  2. J’ai beaucoup aimé le film aussi, mais je n’ai pas encore été tentée par le livre, 992 pages, quand même…

  3. Je vais faire un noeud dans mon mouchoir pour y penser pour une lecture de l’été.

  4. Bon ben… puisque c’est obligé, il sera dans ma prochaine commande !

  5. Vu ton enthousiasme, c’est certain que j’irai au moins y jeter un oeil (pour le moment, le côté pavé me refroidit un peu, mais si on ne le lâche pas… ) !

  6. J’avais noté ce livre après avoir vu le film There will be blood, qui en avait été adapté (enfin, c’est plutôt inspiré et juste par une toute partie du livre). Mais la taille m’a un peu fait peur … il faut que je trouve du temps dans mon planning et en ce moment, ce n’est pas le cas !

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